mardi 26 juin 2012

Entretien avec le Pr Yérim Fassa, Maire de Rosso


«Un maire doit s’accrocher aux bailleurs de fonds pour réussir son objectif». 

En marge de la cérémonie d’inauguration du centre d’oncologie de Rosso, le maire deRosso, Pr Yérim Fassa, a accordé un entretien au correspondant permanent deNouakchott Info Quotidien afin d’expliquer amplement le fonctionnement du projet qui vient d’être mis en place au niveau du nouvel hôpital du PK7 de Rosso.

Nouakchott Info : M. le maire nous venons d’assister à l’inauguration d’un centre de dépistage du cancer du col de l’utérus au PK 7 de Rosso dont vous êtes l’initiateur. Comment ce projet a-t-il pris corps ? 

Pr Yérim Fassa : J’ai mis ce centre de dépistage du cancer du col de l’utérus en place avec beaucoup de difficultés. Il a fallu du courage et de la témérité. J’ai remarqué qu’un maire doit s’accrocher aux bailleurs de fonds pour réussir son objectif. Il faut éviter l’orgueil pour atteindre le but quel que soit les problèmes que vous rencontrez.

Il y a 5 ans, j’ai été mis en relation, grâce à un ami personnel, M. Habib Fall, qui était membre fondateur de Rotary de Mauritanie. Quand j’ai été élu, cet ami m’a mis en rapport avec le Rotary club, en me faisant comprendre que ce Rotary a déjà réalisé certains projets au niveau de la Mauritanie, particulièrement à Nouakchott et à Tidjikja. Ici à Nouakchott, j’ai rencontré par son intermédiaire les rotariens, Italiens. Pour réaliser la première phase, je me suis déplacé pour les rencontrer en Italie.

Je leur ai exposé mon projet. Cela, sans dire qu’il s’agisse de l’oncologie ou de la cardiologie. Je leur ai fait savoir que nous voulons réaliser un projet médical quelle que soit la spécialité à Rosso au profit des populations Rossossoises. J’ai noué des contacts poussés avec l’un des membres qui se trouve être médecin spécialisé en anatomopathologie et qui exerce à l’institut de cancérologie d’Avianno qui est un centre de référence mondiale. Nous avons donc travaillé ensemble pour mettre sur place les différentes étapes de la réalisation du projet du centre de dépistage du cancer du col de l’utérus.

NI : Quels sont les différentes prestations de ce centre ? 

Pr YF : Le centre va servir à un dépistage du cancer du col de l’utérus chez la femme. Il s’est avéré qu’épidémologiquement, les cancers du col de l’utérus sont fréquents en Afrique avec un pourcentage très élevé dans le Sud de la Mauritanie à cause d’un virus appelé Papillonna virus. L’enjeu est de dépister le cancer du col de l’utérus le plus rapidement avant qu’il n’évolue de façon gravissime et occasionne des métastases. Une fois que le stade métastase est atteint, le traitement devient extrêmement difficile et malheureusement la personne est condamnée.

Donc, il faut dépister et proposer un traitement à temps. Ce projet concerne uniquement la prévention (première phase). Il s’est avéré lors de la visite de cette première phase du projet en Italie que la délégation composée du Secrétaire Général du Ministère de la Santé, du Premier Conseiller de l’ambassade de Mauritanie à Rome, du Directeur du centre national d’oncologie de Nouakchott, des représentants de Rotary de Mauritanie et du Maire de Rosso, avons jugé nécessaire d’ajouter un début de traitement pour les cancers à leur phase préliminaire non encore compliqués.

Ainsi donc, la deuxième phase qui concerne le traitement a été retenue ; ce qui permettrait de réduire les évacuations sur Nouakchott pour tous les cancers diagnostiqués.

Seuls les cancers de col de l’utérus compliqués seront évacués au centre national d’oncologie de Nouakchott. Une fois le diagnostic confirmé par les spécialistes mauritaniens sur place et par les spécialistes basés en Italie avec la télémédecine, un traitement sera débuté sur place grâce à un appareil qui fait la résection du cancer par anse diathermique.

Un contrôle pour le suivi tous les six mois sera effectué au niveau du centre de dépistage du cancer du col de l’utérus de Rosso et ce jusqu’à guérison. Du fait de la fréquence du cancer du sein dans notre région, on prévoit un diagnostic par une cytoponction sur place et l’analyse est faite au laboratoire du centre de dépistage de Rosso.

Si le cancer est confirmé, la malade est évacuée à Nouakchott pour une meilleure prise en charge. Le centre de Rosso, pour l’instant, ne dispose pas de matériel pour le traitement du cancer du sein.

NI : Quelle est la zone d’intervention de vos amis Rotariens ?

Pr YF : Le Rotary en Italie, a précisé que le centre d’oncologie de Rosso a une portée internationale. Il est implanté à Rosso pour plusieurs raisons : Première raison, l’existence des sites des rapatriés. Deuxième raison, Rosso est une ville frontalière et il y a un Rotary très actif du côté sénégalais. Donc ce projet, n’est pas seulement mauritanien, mais un projet sous régional. Pour cette raison, les populations sénégalaises, maliennes et guinéennes peuvent venir se faire traiter à Rosso. C’est un projet pilote.

NI : A part le centre d’oncologie de Rosso, quels autres projets envisagez-vous mettre sur pieds ?

Pr YF : Nous prévoyons la réalisation d’un centre de dialyse. Le centre de dialyse a été prévu par le président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, mais Rosso était en quatrième position du fait de sa proximité avec Nouakchott par rapport aux autres wilayas du pays. Personnellement avec mes démarches, j’ai pu rencontrer par intermédiaire des Italiens d’autres bailleurs de fonds qui vont nous donner deux appareils de dialyse. Je pense que cela va accélérer le processus qu’on est en train de faire et on aura un centre d’hémodialyse à Rosso sous peu de temps.

C’est ce que nous comptons faire rapidement après cette unité de dépistage de cancer du col de l’utérus. Pourquoi? Parce que nous avons remarqué que les Rossossois dialysés qui vont à Nouakchott effectuent trois séances de dialyse par semaine. Au début, ils font le va-et-vient entre Nouakchott et Rosso, après, ils se fatiguent et la dialyse devient parfois difficile.

C’est pourquoi tous les dialysés de Rosso habitent maintenant Nouakchott dans des conditions extrêmement difficiles, car Nouakchott est devenue une grande ville. Cette unité d’hémodialyse que nous mettrons en place, ne profitera pas seulement aux malades de Rosso, mais aussi ceux de toute la région du Trarza.

Cette unité profitera également aux malades du Sénégal, parce que les soins sont moins onéreux en Mauritanie. Il faut reconnaître que ce projet qui prendra corps d’ici peu de temps entre dans le cadre de la politique sanitaire définie par Mr le président de la République et qui s’oriente vers les populations les plus démunies.

Propos recueillis par HOBD/CP Rosso






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